Les plaines à perte de vue commencent au bord du Tage. Et si au nord la vie est rythmée par la verdure des champs, un peu plus au sud le paysage s'allie au soleil, à la chaleur et à un tempo plus nonchalant. C'est ça l'Alentejo !
Au nord, les pâturages de la lezíria (plaine inondable) ; dans l'arrière-pays si vaste, une immense plaine avec des champs de céréales ondulant sous le vent ; sur le littoral, des plages désertes d'une beauté sauvage.
L'amplitude du paysage est entrecoupée de chênes-lièges et d'oliviers qui résistent au temps qui passe. Santarém est un belvédère naturel donnant sur l'immensité du Tage. Ici et là se dresse une enceinte de murailles, comme Marvão ou Monsaraz, ou un ancien dolmen qui vous rappelle le caractère magique du lieu. Sur les collines, des maisons basses et blanches couronnent de petites hauteurs, les châteaux évoquent des guerres et des conquêtes et les cours intérieures et les jardins témoignent des influences arabes qui ont façonné les gens et la nature de ce terroir.
En Alentejo, la force de la terre rythme le temps et les villes comme Elvas et Évora, classées patrimoine mondial par l'UNESCO, démontrent la ténacité de leurs habitants. C'est sans doute pour cette raison que la culture et la spiritualité y ont acquis un caractère particulier. Les vestiges du passé sont aussi ce qui demeure dans les autres villes, comme Santarém, Portalegre et Beja ou dans les anciens quartiers juifs (judiarias), surtout à Castelo de Vide.
La plaine favorise les randonnées pédestres ou à vélo, mais les chevaux font eux aussi partie du décor. Vous pouvez allier ces promenades avec l'observation des oiseaux et, près des barrages comme celui d'Alqueva, avec la sérénité de l'eau et la contemplation du ciel étoilé.
Néanmoins, il ne faut pas oublier d'aller explorer le littoral. À cet endroit, le paysage présente un relief plus élevé et escarpé, avec de petites plages nichées entre de hautes falaises et dont la plupart sont idéales pour le surf. C'est aussi là que vous trouvez des arômes champêtres, des herbes aromatiques qui assaisonnent les poissons, les fruits de mer et autres spécialités régionales, qui sont servis avec d'excellents vins de la région. En fait, c’est l'Alentejo tout entier qui vit au rythme de la terre.
Évora, patrimoine de l'humanité
Évora, une ville qui est un livre d'histoire de l'art portugais.
La meilleure façon de la visiter, c'est à pied, en parcourant les rues étroites bordées de maisons blanches, pour partir à la découverte des monuments et des détails qui révèlent l'histoire d'Évora et la richesse de son patrimoine.
Grâce à son ambiance paisible et accueillante, il est facile de comprendre que cette ville, qui puise ses origines à l'époque romaine, fut choisie par les rois du Portugal au XVe s., comme lieu de résidence, ce qui contribua à son développement et à son rôle culturel au cours des siècles suivants. En fait, c'est sa longue histoire et le fait d'avoir préservé un ensemble urbain représentatif des XVIe et XVIIIe siècles jusqu'à nos jours qui incitèrent l'UNESCO à classer Évora au patrimoine mondial.
Pour commencer, la Praça do Giraldo
Cette place est le coeur de la ville, point de rencontre par excellence, avec des cafés et leurs terrasses, des magasins et l'office du tourisme. À l'une des extrémités se trouvent l'église Santo Antão et la fontaine en marbre dotée de 8 robinets, représentant les 8 rues qui y aboutissent.
Une suggestion d'itinéraire
En partant des arcades de la Praça do Giraldo, suivez d'abord le parcours qui passe par les principaux points d'intérêt : le temple et les thermes romains, les murailles médiévales, la cathédrale (Sé), l'église Nossa Senhora da Graça et l’église São Francisco, avec son étrange chapelle des Os.
Si vous en avez le temps, n'oubliez pas d'aller aussi visiter le musée d'Évora, la Fondation Eugénio de Almeida et l'ancienne Université fondée au XVIe siècle, une des raisons pour lesquelles un esprit jeune et décontracté règne à Évora. En outre, cela vaut la peine de se promener dans le jardin romantique où se trouve le palais de Manuel Ier et de visiter la chapelle de São Brás, située hors des remparts.
Que ce soit pour des raisons culturelles ou pour y passer un week-end tranquille, Évora est une ville qui suscite l'inspiration et qui possède beaucoup de choses à découvrir. En dehors de la ville, le mieux c'est de suivre les routes secondaires pour admirer le paysage de l'Alentejo. Si vous aimez l'archéologie, prenez la nationale EN114, en direction de Guadalupe et découvrez, à 3 km, le Cromlech d’Almendres, le plus grand de la Péninsule ibérique. C'est un ensemble composé de 95 monolithes datant de milliers d'années et dont la finalité n'a pas encore été déterminée.
La tour de la cathédrale et le temple
Ce sont de véritables symboles de la ville et ils feront certainement partie de votre album de photos. La tour de la cathédrale est facilement reconnaissable, par sa forme singulière alliant des tours coniques, peu courantes dans l'architecture portugaise. Au milieu de la ville, c'est sans doute un bon point de repère. Sachez aussi que la cathédrale d'Évora est la plus grande cathédrale médiévale du pays.
Tout près de là, sur la place Largo Conde Vila Flor, se dresse notamment le grand temple d'origine romaine, symbole du culte impérial, mais qui pendant des siècles a été considéré comme étant dédié à la déesse Diane.
La Route vicentine
En longeant la côte Ouest, partez à la découverte de la Route vicentine. L'océan vous accompagne entre les falaises escarpées et vous rencontrerez parfois des champs de fleurs sauvages qui semblent infinis. Il n'existe pas de meilleure suggestion pour une randonnée...
Ce grand parcours pédestre s'étend sur un total d'environ 340 kilomètres, longeant l'une des plus belles zones côtières préservées d'Europe ; il est composé de deux itinéraires et vous surprendra par la variété des paysages.
Le « chemin historique », de 241 km, est le parcours le plus long reliant Santiago do Cacém au Cap de São Vicente. C'est un itinéraire rural, avec treize étapes, passant par des chemins forestiers, des petites villes et des villages avec des siècles d'histoire, et qui peut être parcouru à pied ou à vélo.
Le « sentier des pêcheurs », quant à lui, suit toujours la mer par des chemins donnant accès aux plages et aux villages de pêcheurs, sur 111 km, entre Porto Covo et Odeceixe. C'est un parcours exclusivement pédestre, plus exigeant du point de vue physique, et qui est organisé en quatre étapes et avec cinq itinéraires complémentaires.
Chaque étape ne dépasse pas les 25 kilomètres, étant conçue pour une journée. Le programme est au critère de chacun, avec la possibilité de faire seulement les expériences les mieux adaptées aux préférences et aux conditions physiques de chaque personne.
En plusieurs jours, vous pouvez suivre la route par étapes successives, en dormant dans les hébergements associés au projet. S’ils sont prévenus à l'avance, ceux-ci peuvent même organiser entre eux le transport des bagages, assurant ainsi plus de commodité et de confort pour les marcheurs. Vous pourrez visiter les monuments patrimoniaux et déguster la délicieuse gastronomie de la région, notamment les fruits de mer, le poisson frais et les savoureuses spécialités de l'Alentejo et de l'Algarve, puisque la Route traverse ces deux régions.
En chemin, vous pourrez admirer pleinement le paysage et apprécier les surprises que la nature vous réserve, comme les fleurs des champs, l'arôme des herbes dans la fraîcheur du matin ou les couleurs des papillons. Une observation plus minutieuse exige un peu plus de temps, mais vous offre des occasions rares d'apercevoir des loutres qui ne se voient pratiquement jamais dans des environnements marins ou des cigognes qui nichent dans les falaises du littoral, un cas unique au monde.
Cela vaut la peine de faire une escale d'un jour ou deux pour essayer une activité comme le surf, sur les vagues fortes de l'océan Atlantique, ou pour découvrir une plage tranquille et, qui sait, peut-être déserte, pour vous reposer de la randonnée. Comme alternative à la mer, les rivières et les fleuves sont de bonnes suggestions pour soulager la chaleur estivale.
La plupart de ces sentiers étaient déjà bien connus des pèlerins qui partaient du Cap de São Vicente à destination de Saint-Jacques-de-Compostelle. Tout comme eux, vous pouvez vous équiper de chaussures et de vêtements confortables et prendre la route, sans laisser de traces de votre passage, afin de maintenir ce coin de nature préservée. Ce sera, sans aucun doute, une randonnée inoubliable...
Week-end à Troia
Des promenades en bateau à la recherche de dauphins, des plages à perte de vue, des restaurants servant du poisson bien frais et des terrasses de café sur le sable ... voilà comment décrire le plus simplement des vacances à Troia, lieu idéal pour un séjour en famille.
À environ une heure de Lisbonne, à Setúbal, vous pouvez prendre le ferry qui traverse le Sado pour arriver au complexe touristique de Troia. Sur ce rivage se trouve l'une des plus grandes étendues de sable du Portugal, longue de 18 km, à votre entière disposition. En été comme en hiver, le microclimat avec ses températures agréables vous permet de passer des journées riches en activités.
Sur la bande de sable doré qui s'étend à perte de vue et qui borde une mer aux eaux limpides, d'un côté, et une pinède, de l'autre, vous pouvez vous amuser avec toute la famille et, si le temps le permet, vous avez même la possibilité de pratiquer des sports nautiques. Cette zone est très propice aux activités comme la voile et la planche à voile, comme le démontre la présence de nombreux bateaux dans la marina de Troia.
Autre suggestion, profitez-en pour passer des vacances de golf. Le terrain de Troia, conçu par l'architecte américain Bobby Jones, est excellent pour faire l'expérience d'une bonne partie de golf, en parfaite harmonie avec le paysage. Il est sur la liste des meilleurs terrains de golf d'Europe et fait partie de certaines compétitions internationales.
À cet endroit où le Sado rencontre la mer, il est très fréquent de voir des dauphins ; par conséquent, faire une promenade en bateau pour les observer calmement sera toujours une bonne idée. Le parc naturel de la Serra d'Arrábida et la réserve naturelle de l'estuaire du Sado ne manquent pas de points d'intérêt pour l'observation des oiseaux. Carrasqueira, un port de pêche très typique construit sur pilotis, est situé à proximité.
À Troia se trouvent des vestiges de l'occupation humaine qui remontent à plusieurs siècles. Les ruines romaines, datant du Ier siècle, sont un des vestiges archéologiques les plus importants. ll s'agit du plus grand complexe de production de conserves et de sauce de poisson dans l'Empire romain d'Occident, qui témoigne aussi de l'importance de la pêche dans l'économie locale depuis longtemps.
En suivant la route qui traverse cette langue de sable, vous atteindrez d'autres plages, comme celles de Comporta, de Carvalhal ou de Pego, où vous trouverez facilement un bon restaurant pour manger du poisson frais ou goûter les bons petits plats de la gastronomie locale. Toutefois, il suffit d'avancer quelques kilomètres pour changer de décor. Après la plage de Galé, les dunes s'interrompent pour faire place à la lagune de Melides, avec une falaise de grès remontant à cinq millions d'années, et à la réserve naturelle des lagunes de Santo André et de Sancha.
À proximité de Grândola, vous avez le Badoca Park, parc d'attractions pour toute la famille, où vous pouvez faire un « safari » en plein cœur de l'Alentejo et voir des cerfs, buffles, autruches, girafes, antilopes, zèbres et autres animaux en semi-liberté, que les petits et les grands vont adorer.
La détente au grand lac d'Alqueva
Pour passer quelques jours décontractés et en bonne compagnie, le grand lac que forme le barrage d'Alqueva est un prétexte idéal pour se détendre.
Il s'agit de l'un des plus grands lacs artificiels d'Europe, construit sur le Guadiana. Ce barrage possède une retenue de 250 km2 s'étendant sur cinq communes de l'Alentejo, avec de nombreux points d'intérêt. Sur la rive droite, vous êtes accueillis par les châteaux de Juromenha, d'Alandroal, de Terena, de Monsaraz et de Portel et, sur la rive gauche, Mourão et Moura offrent des points de vue privilégiés sur ce plan d'eau.
Ce lac donne une atmosphère étrange à cette région. Là où jadis s'étendaient des champs, des oliviers, des chênes-lièges et des chênes verts, règnent désormais un plan d'eau et une nouvelle vie, avec d'excellentes conditions pour faire des activités en plein air et pratiquer des sports nautiques, comme la voile, le ski nautique et le wakeboard ou le canoë-kayak, loisirs vraiment revigorants. Les amateurs de randonnées pédestres ou en VTT peuvent suivre les parcours balisés. C'est une bonne façon de découvrir les coutumes et les traditions et de s'intégrer avec les populations locales.
C'est un bon endroit pour faire une surprise à toute la famille, en l’emmenant se promener sur les routes panoramiques autour du barrage d'Alqueva ou, encore mieux, en louant un bateau-maison où vous pouvez tous dormir sous le ciel étoilé. C'est sans doute aussi une bonne idée pour un week-end romantique. N'oubliez pas que vous êtes dans une région où le ciel est considéré par l'UNESCO comme une réserve pour l'observation des étoiles. La nuit, les éclairages publics sont réduits au minimum, pour permettre des conditions parfaites pour observer le ciel, aussi bien pour les astronomes que pour les simples amateurs.
Ne manquez pas de vous rendre au nouveau village d'Aldeia da Luz, la seule localité qui a été submergée par les eaux du barrage et qui a dû être littéralement déplacée. D'ailleurs, un musée a été créé, dont une grande partie de la collection est composée d'objets ayant appartenu aux habitants et où tous les souvenirs de l'ancien village sont enregistrés.
La localité de Monsaraz est, elle aussi, incontournable. C'est un village-musée médiéval charmant et étonnant, bien préservé, avec ses murailles et ses rues en schiste. Il faut aussi absolument visiter le Cromlech de Xerez, de forme carrée, situé à proximité, près du couvent Convento da Orada.
Naturellement, à Alqueva, comme dans l'ensemble du pays, il est impossible de résister aux saveurs de la cuisine régionale. Dans ce terroir, notez surtout les « açordas » (panades), les « migas » (mélange à base de pain, d'huile d'olive et d'ail), les plats à base de viande de porc, la charcuterie et les vins de l'Alentejo.
Près du grand lac, vous n'aurez aucun mal à goûter les plaisirs du tourisme en milieu rural, en appréciant la simplicité de la vie à la campagne et en contemplant la nature environnante.
Le cante alentejano, chant polyphonique de l’Alentejo
Dans le patrimoine culturel du Portugal s’inscrit une expression musicale qui se caractérise par son authenticité et sa singularité : le « Cante Alentejano », ou chant polyphonique de l’Alentejo, qui est aujourd’hui reconnu comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco.
Chanté par des chœurs mixtes, sans accompagnement musical, le chant de l’Alentejo est une manifestation populaire typique de plusieurs municipalités du district de Beja, dans la région historiquement connue sous le nom de Baixo Alentejo. Toutefois, c’est à l’initiative de la municipalité de Serpa, en partenariat avec l’Entidade Regional de Turismo do Alentejo (Office régional du tourisme de l’Alentejo), que cet art a été inscrit au patrimoine mondial de l’humanité.
Si elle est aujourd’hui exclusivement chantée par des chorales, dont certaines ont presque un siècle d’existence, cette musique trouve ses origines dans des contextes informels. En effet, ces chants évoquant les sentiments et les moments du quotidien étaient autrefois entonnés lors des journées de travail à la campagne, ou pendant les soirs de fête.
Le chant de l’Alentejo est pratiqué aussi bien par les hommes que par les femmes et n’est propre à aucune classe sociale, mais reste pourtant fortement associé aux classes rurales qui se sont développées dans une région où l’industrie agricole et l’extraction minière ont gagné en importance dès la fin du XIXe siècle et au cours du siècle suivant. En 1926 est apparue la première chorale de la région, associée aux travailleurs des mines de São Domingos, qui ne sont aujourd’hui plus exploitées. À la suite de cette initiative, un deuxième groupe de chorale s’est formé à Serpa, un an plus tard.
Lors de votre visite de l’Alentejo, n’hésitez pas à consulter l’agenda culturel et à vérifier si un spectacle de chant figure au programme ! Mais restez surtout tout ouïe : ces chants peuvent être entonnés spontanément dans les tavernes ou lieux de divertissement, pour profiter d’un moment de détente après une journée de travail. Pour que les touristes puissent profiter de cette expression musicale unique en son genre, il est prévu de créer dès 2015 des guides et des maisons de chant dédiées à cet art.
Pour découvrir le chant polyphonique de l’Alentejo, n’hésitez pas à regarder le documentaire intitulé « Alentejo, Alentejo » de Sérgio Tréfaut. Réalisé pour soutenir la candidature au patrimoine mondial de l’Unesco, ce documentaire a été consacré « Meilleur film portugais » à l’Indie Lisboa 2014, le festival du cinéma indépendant de Lisbonne, et a également reçu le prix de « Meilleur film » au festival du film documentaire DOCSBarcelona+Medellín 2014. N’hésitez pas à le découvrir sur le site www.alentejoalentejo.com.